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Lettre ouverte

Lettre ouverte 

Femmes qui se battent contre la destruction de la Chalcidique

Par l’extension  des activités minières

Et l’extraction d’or à ciel ouvert 

Nous sommes des arrière-grands-mères qui ont vécu l’occupation et  pensaient  ne plus jamais vivre le fascisme. Nous sommes des grands-mères qui ont vécu la guerre civile et qui ont dit plus jamais la guerre. Nous sommes les mères qui ont vu leurs enfants s’expatrier et qui ont dit plus jamais de racisme. Nous sommes les filles qui ont vécu la junte et qui ont dit plus jamais de régime autoritaire. Nous sommes les petites-filles qui n’ont  vécu ni l’occupation, ni la guerre civile, ni l’émigration, ni la junte et qui vivent tout cela ensemble maintenant. Nous sommes les arrière-petites filles qui rêvent, espèrent  et exigent un avenir meilleur.

Il y a encore peu de temps,  nous ne connaissions pas les irritations provoquées par émanations chimiques, ni ce qu’était le Maalox, ni ce que signifiait MAT (Unité de réhabilitation de l’ordre), OPKE (groupe pour la prévention et la répression du crime), EKAM (Unité spéciale suppressive de lutte contre le terrorisme). Il y a encore peu de temps, nous  pensions que la police grecque était là pour protéger ses citoyens. Nous pensions que l’Etat et ses fonctionnaires étaient  là pour défendre les intérêts des citoyens et assurer leurs droits.

Ils nous ont lancé des bombes lacrymogènes, nous ont poursuivies, nous ont frappées, nous ont arrêtées, nous ont interrogées. Ils sont entrés de force dans nos maisons et dans nos écoles. Nous ont qualifiées de non-instruites, non informées, indisciplinées, menteuses et même terroristes !

Nous avons supporté tout cela. D’ailleurs, c’est nous qui  avons mis au monde  nos enfants dans  une  indicible douleur et les avons  élevés au prix d’un effort incroyable. Leurs pratiques terroristes ne nous font pas peur.

Mais maintenant ils frappent nos petits-fils, nos fils, nos pères, nos frères. Ils les arrêtent en pleine nuit, devant les yeux terrifiés de nos enfants. Les enferment  en prison comme de vulgaires criminels avec de fausses accusations.

Ils disent représenter la légalité!

En violant les lois et les droits?

Ils disent qu’ils privilégient, quel qu’en soit le prix, les investissements dont le peuple sera bénéficiaire!

En exerçant  violence et terreur sur la population?

Ils disent que les décisions de justice doivent être respectées!

Les anticipant et les ignorant  s’ils ne sont pas d’accord?

Ils disent qu’ils défendent  la démocratie!

En contestant la présomption d’innocence qui est l’un de ses principes fondamentaux?

Nous invitons toutes les femmes de Grèce, et du monde entier, à rejoindre notre combat. Un combat digne. Un combat pour protéger l’avenir de nos enfants, l’environnement et les droits de l’homme. Un combat  où la vie de nos enfants est au-dessus des bénéfices des sociétés. Nous faisons appel à vous toutes! Apportez-nous soutien et  solidarité, quelle qu’en soit la manière.

Nous dénonçons la création de coupables et l’incrimination des luttes sociales. Nous condamnons la violence policière, la répression étatique et les procédures arbitraires. Nous dénonçons  les procès et condamnations télévisées.

Nous exigeons la libération de nos pères, de nos fils et de nos frères. Nous exigeons une justice immédiate, juste, impartiale et transparente.

Dans tous les autres cas, nous serons toujours face à eux. Nous, les arrière-grands-mères, les grands-mères, les mères, les filles, les petites-filles et les arrière-petites-filles. Toutes ensemble! «